Adieu Wehrmacht, bonjour Bundeswehr

Peter Strück, ministre allemand de la Défense, a proposé un nouveau plan de restructuration le 13 janvier dernier. Depuis la fi n de la guerre froide, les restructurations de l’armée allemande se multiplient. L’histoire de la Bundeswehr est celle des stigmates laissés par le IIIe Reich.

La communauté internationale dote l’Allemagne d’une armée en 1954. Parce qu’il faut protéger l’Europe et donner les moyens au peuple allemand de se défendre : si l’Est et l’Ouest s’affrontent, la RFA est en première ligne. Il n’est toutefois pas simple de succéder à la Wehrmacht, l’armée de l’Allemagne nazie. Etant donné les stigmates laissés par le IIIe Reich, la Bundeswehr est étroitement surveillée. Elle est sous le contrôle opérationnel de l’Otan. La Constitution allemande lui interdit d’intervenir ailleurs qu’au sein de la zone de l’Alliance atlantique. Pas d’Etat-major donc. Interdiction aussi de se doter d’armes atomiques, chimiques ou bactériologiques. Son armement est destiné à la seule défense du territoire : un armement lourd et peu mobile.

Mais l’embrasement des Balkans – ironie de l’histoire – change la donne. En Allemagne, la question d’une intervention extérieure est mise sur le tapis. L’Union n’a pas les moyens de ses ambitions, mais la question d’une participation allemande vient alimenter d’âpres débats. La Cour suprême de Karlsruhe tranche : désormais, la Constitution allemande permet à la Bundeswehr d’intervenir en dehors de la zone de l’Alliance atlantique. Une page de l’histoire de la Bundeswehr est tournée.

Blast from the past
This article first appeared in January 2004 issue of leuropeennedebruxelles.com.

Désormais, les militaires allemands interviendront en Bosnie, au Kosovo, en Albanie. Aujourd’hui, l’Allemagne est un partenaire à part entière de l’Otan et de la Politique européenne de sécurité et de défense (Pesd). Elle participe aux missions de Petersberg, soit des missions humanitaires, d’évacuation, de maintien et de rétablissement de la paix.

On a vu la Bundeswehr en Ouganda, en République démocratique du Congo et en Macédoine. Elle est membre de la force de réaction rapide européenne. La défense du territoire n’est plus l’unique mission de la Bundeswehr. Avec la fi n de la guerre froide, la menace n’est plus la même. Au XXIe siècle, il s’agit de prévenir le débordement des pays instables. Et puis le terrorisme est un nouveau facteur pris en compte dans la défi nition des concepts stratégiques.

L’Allemagne n’échappe pas à la règle. La Bundeswehr revient de loin. L’évolution de l’environnement géostratégique et de la Constitution allemande, ainsi que l’allègement du poids de l’histoire ont contribué au développement d’une armée allemande plus moderne.

Aujourd’hui, elle se dote d’un Etat-major indépendant, national et capable de fonctionner dans un cadre multinational. Pour en faire une armée résolument moderne, d’autres évolutions seront toutefois nécessaires pour passer d’une armée conventionnelle à une armée apte à faire face aux situations nouvelles. Le plan du ministre de la Défense Peter Strück prévoit notamment la diminution des effectifs.

Aujourd’hui, l’armée allemande compte 280.000 hommes. Elle devrait en compter 250.000 en 2005. Les économies engendrées par ce dégraissage permettront de poursuivre les investissements dans un armement et une structure plus modernes. Divers achats d’armement sont en cours : véhicules blindés rapides, hélicoptères et avions de transport et de combat.

On va vers une armée allemande plus petite mais plus effi cace, dotée d’une plus grande capacité de projection. Sa structure sera crédible. C’est-à-dire capable de bouger, pour répondre aux nouveaux défi s. On se rapprochera des capacités des armées française et britannique.André Dumoulin, l’un des spécialistes belges des questions de défense

Et d’ajouter :

“La ques-tion est de savoir si ce plan sera réalisable sans augmenter le budget”.

Le plan de Peter Strück prévoit aussi une diminution du budget : en 2004, il est de 24 milliards d’euros. D’ici à 2010, il aura à en économiser autant…

Nathalie Joskin


The author: Michel THEYS

Michel Theys, a Belgian native, began his career as a civil servant, serving the public for several decades. After retirement, he shifted gears to follow his passion for journalism. With a background in public administration, Theys brought a unique perspective to his reporting. His insightful articles, covering a wide array of topics, swiftly gained recognition. Today, Michel Theys is a respected journalist known for his balanced and thoughtful reporting in the Belgian media landscape.

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