Jean-Claude Trichet soigne son image médiatique auprès des marchés fi nanciers. Le président de la Banque centrale européenne ne recule devant rien : il en oublie même les pratiques communautaires qui respectent le pluralisme linguistique. Il ne parle qu’anglais dans ses conférences de presse et quand il répond à une question posée en français, il tient à jouer lui-même les interprètes…
L’élargissement, chacun le sait, nous fait passer de 11 à 20 langues, et de 110 combinaisons à 420 (gaélique compris). Babel réinventée! Pour des questions pratiques, le français et l’anglais seuls sont utilisés dans les réunions de Politique étrangè res et de sécurité commune. L’allemand s’y rajoute dans les réunions du Comité des représentants permanents. Mais la tentation est grande de privilégier l’usage exclusif de l’anglais, ou plutôt de ce sabir anglo-américain qui fait de la langue de Shakespeare la langue la plus défi gurée du monde. Un langage qui autorise des échanges de signes mais non de sens… Un langage de communication mais non de réflexions et de pensée créative.
Daniel Riot