La France défend sa langue et celles des autres

L’usage des langues dans l’Union européenne est une question épineuse qui refait souvent surface. Les pays adhérents amèneront neuf nouvelles langues officielles dans leurs bagages. Ce qui risque de corser encore un peu plus la situation. Prenant les devants, l’Assemblée nationale française vient de voter une résolution en vue de défendre le français, mais aussi la diversité linguistique…

Cette proposition a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, ce qui est assez rare. Cela prouve combien cette question est importante
“Cette proposition a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, ce qui est assez rare. Cela prouve combien cette question est importante”, a confi é à l’Européenne le député français UMP Michel Herbillon, rapporteur de la Délégation de l’Assemblée nationale pour l’Union européenne. Sa proposition de résolution comportait 19 recommandations visant à préserver la diversité linguistique dans l’Union.

Dans cent jours, l’Europe sera face au défi linguistique le plus important de son histoire. Il faudra veiller à respecter la diversité linguistique mais également éviter des blocages en raison de cette diversité de langues, afi n d’empêcher que l’Union européenne ne se transforme en une nouvelle BabelMichel Herbillon

Avec les dix nouveaux pays, neuf nouvelles langues feront leur entrée dans l’Union, s’ajoutant aux onze langues offi cielles d’aujourd’hui. L’interprétation pourrait, dès lors, devenir une pierre d’achoppement dans l’Union élargie. Et le député français d’expliquer:

“Avant l’élargissement, 110 combinaisons de langues étaient possibles. Après l’élargissement, ce nombre s’élèvera à plus de 400 combinaisons. Rien que pour la traduction au sein de la Commission, 1,3 million de pages sont produites chaque année, ce qui correspond à une surface de papier qui pourrait couvrir la moitié du Luxembourg !”

Un compromis doit donc être trouvé entre le plurilinguisme, le respect des langues de chacun et les nombreux coûts liés à l’interprétation et à la traduction. Face à ce constat, la résolution propose de maintenir l’interprétation intégrale au Conseil européen et lors des réunions du Conseil, “tout représentant du peuple ayant le droit de s’exprimer, en toutes circonstances, dans sa langue maternelle”. Il doit en être de même en ce qui concerne le régime anglais/français pour les réunions relati-ves à la Politique étrangère et de sécurité commune et le régime anglais/français/allemand qui prévaut au du Comité des Représentants permanents, ceci reposant sur un ancien consensus. Le texte propose également d’expérimenter le régime asymétrique de l’interprétation, qui permet à chacun de s’exprimer dans sa langue tout en n’obtenant en retour qu’une interprétation limitée à un certain nombre de langues de travail. La résolution n’oublie cependant pas de défendre la langue de Voltaire qui se fait quelque fois marcher sur les pieds par celle de Shakespeare. Ainsi, une des recommandations suggère que les fonctionnaires français en poste à l’étranger n’utilisent que leur propre langue. Soucieux de la diversité linguistique, la résolution entend également faire de l’enseignement de deux langues étrangères la norme dans l’Union élargie.

En Espagne, par exemple, l’apprentissage de deux langues étrangères est pratiqué. Cela permet d’éviter le choix unique d’une seule langue, bien souvent l’anglais. Depuis que ce système est d’application, l’apprentis-sage du français a été multiplié par cinq.Michel Herbillon

L’auteur de la résolution dénonce enfi n le “quasi” unilinguisme dans certaines institutions : “L’égalité stricte entre les langues est un des fondements de l’Union européenne. Mais il y a des infractions manifestes à ce principe : le site de la Banque centrale européenne est presque uniquement rédigé en anglais, il y a aussi le cas des annonces de recrutement en anglais qui recherchent des candidats dont l’anglais est la langue maternelle… Il ne s’agit pas d’entamer un combat frontal avec l’anglais car celui-ci est dépassé depuis longtemps, mais plutôt d’éviter un modèle du tout à l’anglais!

Blast from the past
This article first appeared in January 2004 issue of leuropeennedebruxelles.com.

Affirmer la présence de la langue française en Europe est un combat d’autant plus nécessaire que les capitales européennes sont des villes francophones : une capitulation de notre part serait bien paradoxale”, a ainsi déclaré Jean-Jacques Aillagon, ministre français de la Culture et de la Communication.

Sébastien Etienne


The author: Clémentine FORISSIER

Clémentine Forissier, a youthful journalist hailing from Brussels, has been making waves in the field of media. Despite her relatively young age, she has quickly risen to prominence as a prominent voice in Belgian journalism. Known for her fresh perspective and dynamic reporting, Clémentine has become a recognized figure in the Brussels media scene, offering insightful coverage of various topics.

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