1999 : la guerre se termine dans la région des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Kosovo, ancienne République yougoslave de Macédoine, Kosovo et Serbie-et-Monténégro). Depuis, la reconstruction est réellement en marche. Et l’objectif, à terme, est d’adhérer à l’Union européenne.
Rapprocher les pays de l’Union des Balkans occidentaux était le but du sommet de Zagreb de mars 2000. C’est toutefois en juin 2003, lors du sommet de Thessalonique, que l’avenir de ces pays dans l’Union a été scellé. Ils y ont leur place, mais ils doivent la mériter et, pour cela, occidentaliser leur vie politique et libéraliser leur économie.
La Roumanie et la Bulgarie, elles, feront partie de l’Union en 2007. Et la Croatie ? “Sait-on jamais”, a déclaré, sceptique, Patrice Bergamini, conseiller auprès du Haut Représentant de l’Union pour la Politique étrangère et de sécurité commune, lors d’un colloque organisé, la semaine dernière à Paris, par l’Institut de Recherche Internationale et Stratégique. La Commission devrait rendre son avis sur la candidature de ce pays très avancé dans sa reconstruction d’ici le 31 mars 2004.
Pour les autres, aucune date n’a été fi xée. C’est que si la guerre est derrière eux, ils sont encore dans une situation de “post confl it” et “cinq ans, c’est très court pour modifi er des siècles de confl its”, a rappelé, lors du même colloque, Eric Chevalier, ancien conseiller spécial de Bernard Kouchner au Kosovo.
Enclavé dans les Balkans, le Kosovo est d’ailleurs toujours une sorte de protectorat international. Il y a trois mois, le Conseil de sécurité a définides critères : mise en place d’institutions démocratiques, économie viable, Etat de droit. Ceux-ci doivent être remplis pour qu’une discussion sur le statut de ce pays puisse être éventuellement engagée d’ici 2005.
“Aujourd’hui, le principal travail de la communauté internationale est de responsabiliser les dirigeants locaux”, observe toutefois Patrice Bergamini. C’est que, bien souvent, il y a un écart entre les besoins immédiats de la population et les politiques mises en place. Au lieu de se préoccuper de la scolarisation des enfants ou de l’amélioration des soins, les dirigeants ont souvent pour seul objectif d’entrer le plus rapidement possible dans une phase offi cielle d’adhésion à l’Union. L’aide économique accordée serait alors beaucoup plus importante.
Beaucoup de progrès ont été réalisés. Les crimes ont, par exemple, baissé de 70% au Kosovo depuis 2001. La corruption, le crime organisé et la pauvreté restent malgré tout les principaux problèmes des Balkans occidentaux. Cet exemple donné par Patrice Bergamini en dit long :
“Si la population du Monténégro fumait les quantités de cigarettes qu’elle importe, chaque habitant de ce pays fumerait 17.000 cigarettes par jour”.
L’avertissement lancé la semaine dernière par la Commission sur les importations en provenance de Serbie-et-Monténégro est également symptomatique. Bruxelles a, en effet, conseillé aux opéra-teurs de la Communauté de prendre les précautions nécessaires afin de vérifi er l’origine des produits importés, dans le cadre des arrangements commerciaux préférentiels dont bénéfi cie ce pays. Si cette identifi cation n’était pas possible, les accords pourraient être gelés. Or, paradoxalement, l’irresponsabilité des dirigeants, l’importance de la corruption et du crime organisé sont en partie dû à la faiblesse de l’aide économique accordée à ces pays. En effet, “plus les salaires sont bas, dans l’administra-ion par exemple, plus la tentation de corruption est grande”, a déclaré Jean-Christian Cady, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’Onu au Kosovo. L’aide internationale est en baisse. Les besoins sont estimés à près d’1,5 milliards d’euros par an. Or, à titre d’exemple, les Quinze ont prévu d’apporter un soutien de 200 millions d’euro pour la période 2004-2006.
Les Etats-Unis ont, quant à eux, de nouvelles priorités au Moyen-Orient. Et selon Christopher Cviic, conseiller pour les pays baltes à la Banque européenne pour la reconstruction et le développe-ment, “les investisseurs viendront si ces pays parviennent à une certaine stabilité politique”.
Sans aide fi nancière importante, les Balkans occidentaux ne pourront transformer leur société et s’arrimer à l’Europe. “Il faut une véritable volonté politique de la part des Européens. Le budget de la Politique étrangère et de sécurité commune pour 2004 est de 45 millions d’euros, moins de deux fois celui de la communication du Parlement européen”, relève Patrice Bergamini. Après l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, les cinq pays des Balkans occidentaux seront complètement enclavés dans l’Union. Il est donc impératif que l’Europe continue à faire le choix des Balkans.”
Mais il est encore plus impératif que les locaux eux même fassent le choix de l’Europe”, a conclu le représentant de Javier Solana.
Clémentine Forissier