La diplomatie du Vatican, une nébuleuse ecclésiastique

Avec 44 hectares de superficie et un millier d’habitants, le Vatican est le plus petit Etat au monde. Un micro-Etat donc, mais qui constitue une assise territoriale indispensable pour l’Eglise catholique et permet son rayonnement aux quatre coins du monde.

Le Saint-siège est une organisation particulièrement effi cace qui arrive à faire entendre sa voix lors des grands débats de société. Ce fut le cas lors des travaux de la Convention. Simple observateur, le Vatican ne fait pas partie de l’Union. En revanche, il entend y faire connaître sa vision de l’Europe. Dès 1962, la diplomatie pontificale faisait ses premiers pas sur la scène institutionnelle européenne en adhérant au Conseil de coopération culturelle du Conseil de l’Europe. En 1970, il ouvrait une mission diplomatique auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg.

Dès le début de son pontifi cat, Jean Paul II a exprimé le souhait de voir se construire une Europe chrétienne: “Moi, évêque de Rome et Pasteur de l’Eglise universelle, je lancevers toi, vieille Europe, un cri plein d’amour : retrouve toi toi-même, sois toi-même. Découvre tes origines. Avive tes racine”. Pour le Pape, le christianisme est un élément central de l’histoire européenne. Pour cette raison, la diplomatie pontificale a été très active lors de la rédaction du projet de traité constitutionnel européen. Si certains points tels que la reconnaissance de la liberté religieuse étaient acquis, la mention de la chrétienté dans le préambule de la Constitution a été, en revanche, au cœur d’un long débat fi nalement ranché, le 28 novembre dernier à Naples, par les ministres européens des Affaires étrangères : la formulation élaborée par la Convention, qui fait référence aux “héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe” – et non à ses racines chrétiennes –, a été entérinée.

Pourtant, bon nombre de groupes de pression se sont organisés pour faire de l’Europe chrétienne une réalité. Pour exercer une véritable activité de lobbying auprès des institutions européennes, le Vatican peut compter sur différents organismes très actifs : la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece), sorte de bureau politique qui siège à Bruxelles, ou le Foyer catholique européen (FCE) qui réunit des fonctionnaires européens de confession catholique et appartenant à diverses nationalités. Ce centre spirituel bruxellois célèbre chaque jour des offi ces pour le personnel de l’Union. C’est aussi un lieu de réunion et de débats. A leur initiative, une pétition a été lancée afin que le patrimoine chrétien soit reconnu. Elle a receuilli de nombreuses signatures, notamment de députés européens. Enfi n, le nonce apostolique en poste à Bruxelles, digne représentant du Vatican, supervise le tout.

Cette infl uence du Vatican sur la scène européenne peut surprendre, mais s’explique aisément du fait de l’histoire. En effet, la création de cette entité souveraine – depuis les accords de Latran signés en 1929 entre Pie XI et le gouvernement italien, territorialement neutre et inviolable, a permis à l’Eglise de préserver son indépendance des puissances européennes.

Le Vatican est une appellation à différencier de celle du Saint-siège. Concrètement, celui-ci représente l’entité juridique internationalement reconnue qui incarne le pouvoir spirituel du chef de l’Eglise catholique et qui, de ce fait, est l’institution représentative de plus d’un milliard de catholiques dans le monde entier. Ce qui explique l’importance de son organisation.

Le Saint-siège regroupe l’adminis-tration centrale de l’Eglise, le Pape et tous ceux qui l’assistent dans son ministère : les différents services de la Curie romaine, sorte d’administration centrale, et le service diplomatique incarné par les nonces, représentants du Saint-siège à l’étranger et formés à l’Académie ecclé-iastique pontificale.

Blast from the past
This article first appeared in January 2004 issue of leuropeennedebruxelles.com.

Le Saint-siège est reconnu par un grand nombre d’Etats, y compris laïcs donc, et par les principales organisations internationales où il dispose d’un statut d’observateur. Il entretient ainsi des relations diplomatiques avec 174 des 189 membres des Nations unies, des pays comme la Chine Populaire, le Vietnam, l’Arabie saoudite manquant à l’appel. Si l’effi cacité de son action internationale est peu contestée, les ingérences de l’Eglise irritent les défenseurs d’une Europe laïque, tout comme certaines associations qui l’accusent de conservatisme.

Nathalie Bobichon


The author: Margareta STROOT

Margareta Stroot, a multi-talented individual, calls Brussels her home. With a unique blend of careers, she balances her time as a part-time journalist and a part-time real estate agent. Margareta's deep-rooted knowledge of the city of Brussels, where she resides, has proven invaluable in both of her roles. Her journalism captures the essence of the city, while her real estate expertise helps others find their perfect homes in the vibrant Belgian capital.

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